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Ce manifeste a pour objet de faire valoir la légitimité des organisations citoyennes de réflexivité à participer de façon effective à la cogestion des affaires d’une nation démocratique et cerner les contours d’un nouvel édifice républicain permettant de traduire en actes de gouvernance les exigences dictées par un monde fini. Le texte intégral du manifeste sera publié prochainement en France par un éditeur indépendant.
CONVERGENCES CITOYENNES
Depuis cinquante ans, les organisations civiles citoyennes (OCC) militantes des pays industrialisés ont une présence significative notamment en matière de veille technologique, de défense des droits de l’homme et de protection de l’environnement. Néanmoins, elles demeurent relativement impuissantes lorsqu’il s’agit de faire respecter l’intérêt général et le bien commun dans un grand nombre de domaines où les intérêts particuliers sont dominants.
Elles ont, certes, la liberté de s’exprimer dans les pays démocratiques, mais elles n’ont aucun impact réel sur les choix technologiques imposés par les pouvoirs politico-financiers et militaires. La conséquence de cette impuissance se traduit aujourd’hui par
l’émergence à grande échelle de technologies de plus en plus risquées aux conséquences incalculables et sans retour.
Il en va ainsi du dérèglement du climat et des écosystèmes, des atteintes irréversibles à la biodiversité et surtout, par un nombre croissant d’êtres humains condamnés à vivre dans des conditions que l’on n’oserait pas infliger à une bête.
Il faut bien admettre cette évidence et se demander s’il est pertinent pour les OCC de poursuivre des stratégies contestataires qui se contentent de la rue ou de brèves attentions des politiques et des médias lorsque le spectacle est là. L’écologie politique, avec ses compromissions et ses contradictions, demeure inefficace et ne représente rien d’un point de vue électoral au regard des enjeux auxquels nous sommes confrontés.
En revanche, la mouvance citoyenne, par sa crédibilité et ses immenses ressources humaines, dispose de la capacité de rassembler des énergies là où l’écologie politique a échoué. Mais pour cela elle doit affirmer sa légitimité par de nouvelles stratégies d’intervention reposant sur ses spécificités.
Le projet exposé ici porte tout d’abord sur une évaluation des points de convergence qui peuvent permettre d’élaborer une coopération soutenue entre la mouvance écologique et celle d’autres OCC de réflexivité, notamment les associations de défense des consommateurs, de coopération internationale et de lutte contre les abus de la mondialisation financière. Ceci dans le but de renforcer la présence citoyenne au sein des débats nationaux et transnationaux sur les choix technologiques et les enjeux de société que cela suppose. Il s’agit d’intervenir en amont des processus de gouvernance et non plus en aval, c’est-à-dire en réaction stérile à des décisions jugées inadéquates du point de vue de l’intérêt général et de la préservation du bien commun.
Il n’existe aucun doute sur l’impact significatif des modes de consommation sur les écosystèmes et la biodiversité ; par conséquent sur les moyens d’existence et les conditions de vie du genre humain et des générations futures.
Aussi universel que ce constat puisse être, il est bien évident que ce sont les organisations citoyennes militantes des pays où la liberté de conscience et de parole est sauvegardée qui sont le plus à même d’exercer leur force de proposition.
Fort heureusement, les pays les plus industrialisés sont aussi ceux qui disposent des organisations citoyennes les mieux structurées.
C’est le cas notamment des Etats-Unis et des pays de l’Union européenne où les OCC ont la volonté et la possibilité de jouer un rôle significatif dans l’élaboration des politiques ayant un impact direct sur les conditions de vie de leurs concitoyens.
Mais les expériences vécues montrent bien que les organisations citoyennes militant dans le sens de l’intérêt général ont du mal à se faire entendre des pouvoirs publics et des forces politiciennes. Même s’il existe des contacts suivis entre les organisations citoyennes, la puissance publique et les élus, le poids économique des intérêts particuliers et des rentes est tel qu’il est pratiquement impossible de modifier de façon significative et dans les temps, les trajectoires du pouvoir.
Aujourd’hui, face aux multiples constats des agressions subies par les populations vulnérables et paupérisées et par nos écosystèmes, face aux pouvoirs anarchisants des multinationales, les organisations citoyennes, contrairement à ce qu’elles croient, ont de moins en moins de pouvoir de persuasion.
En revanche, il devrait être possible d’inverser cette tendance en constituant un programme commun d’actions à partir de points de convergence entre plusieurs organisations citoyennes ayant des spécificités très variées mais des exigences communes.
À titre d’exemple, des convergences existent sur la nécessité d’accéder à des produits alimentaires satisfaisants, à l’eau potable, au commerce équitable, à un logement salubre, ainsi que de contribuer à la sauvegarde des forêts primaires, au développement des énergies renouvelables, à la conception de moyens de locomotion non polluants, etc.
Si les points de convergence ne manquent pas, il conviendrait néanmoins de constituer des forums permanents de la mouvance citoyenne qui puissent exprimer les exigences communes, de telle manière qu’elles soient non seulement entendues mais prises en compte de façon significative dans les stratégies de gouvernance.
La question posée par ce manifeste est de savoir si la création d’un ou de plusieurs forums permanents de la société civile citoyenne est envisageable, dans quelles conditions et pour quels objectifs concrets.
Il n’y a pas d’autres moyens de le savoir que d’interpeller les dirigeants des organisations citoyennes militant dans le sens de l’intérêt général.
Comment identifier a priori lesdites organisations ?
En France, un travail préalable a été réalisé, en dépit de nombreuses résistances de la nomenklatura politicienne, pour choisir les organisations citoyennes les plus représentatives appelées notamment à participer au Grenelle de l’environnement.
Nous-nous abstiendrons ici de tout commentaire sur les résultats de ce « Grenelle »
Toutefois, il a permis d’identifier une partie significative des OCC les plus représentatives du pays. D’autres, qui ont été « oubliées », ont également été recensées à l’occasion des travaux préparatoires à ce manifeste.
Des actions de ce genre ont également été menées dans la plupart des pays démocratiques où les OCC sont identifiables.
Le secrétariat des Nations unies a également procédé à l’identification de plusieurs centaines d’organisations citoyennes dans le monde et certaines contribuent à à titre consultatif aux travaux du Conseil économique et social de l’ONU.
Enfin, hors ONU, le Forum social mondial réunit plusieurs milliers d’organisations citoyennes dans le monde. Toutefois ce forum mondial a une orientation altermondialiste en continuelle gestation et s’exprime par des séries de « happenings » qui ne lui permet pas de constituer en tant que tel une contre-force d’égale puissance à celle de la sphère politico-financière de Davos. Néanmoins, c’est notamment auprès de certaines de ces organisations qu’il sera possible de définir si la création de forums permanents nationaux du mouvement citoyen plus structurés est ressentie comme une exigence, ce qu’ils pourraient être et quels en seraient les objectifs.
La publication de ce manifeste va permettre d’établir une base de discussion sur la faisabilité du projet qu’il propose.
Rappelons que le monde associatif en France réunit plus de 14 millions de bénévoles et que chacun d’entre eux nourrit une âme citoyenne.
C’est à eux que s’adresse a priori ce manifeste, et plus particulièrement à ceux qui ont rejoint une organisation de réflexivité en matière de choix technologiques et d’enjeux de société.
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